La fête des lanternes

Visite de l’Impératrice au pavillon Rouge le jour de la fête des lanternes :

Le jour même, fut émis un décret ordonnant à l’Impériale Compagne Jia de s’acquitter de la visite aux parents, le quinzième jour de la première lune de l’année prochaine, jour de la première pansélène. Ce décret reçu, chez les Jia, personne ne connut plus de répit, de jour ni de nuit.

Sur les deux rives du cours d’eau limpide, dont les méandres simulaient des ondulations de dragon, s’étendaient des balustrades de marbre, sur lesquelles étaient fixées des lanternes de cristal ou de verre de toutes formes, à l’épreuve du vent. Leur lumière argentée se répandait sur l’onde en flots de neige. Plus haut, aux branches des abricotiers, des saules et autres arbres, qui ne portaient naturellement plus fleurs ni feuilles, étaient accrochées des fleurs artificielles de toutes nuances, faites de soie, de mousseline, de taffetas, de papier ou de papyrus, et plusieurs lanternes étaient suspendues à chaque arbre. S’y ajoutaient, sur l’étang, des lanternes simulant des fleurs de lotus, des feuilles de nymphéas, des canards ou des hérons, et faites de nacre et de plumes. De sorte que, s’illuminant en haut comme en bas de lumières rivales, le ciel et l’eau brillaient d’un même éclat. C’était vraiment un monde de verreries, un univers de perles et de gemmes.

Le rêve dans le Pavillon Rouge de Cao Xuequin
Récit XVIII Page 389, 392, Pléiade

La Fête des Lanternes

Le 29 janvier 2025 marque l’avènement de la nouvelle année lunaire, inaugurant la Fête de Printemps, une période riche de traditions et de réjouissances. Cette parenthèse festive atteint son apogée lors de la Fête des Lanternes, célébrée à la nuit tombée du quinzième jour. Symbole de lumière et d’unité, cette soirée offre une ultime occasion pour les familles de se retrouver dans une harmonie empreinte de chaleur et de partage, clôturant avec éclat ce temps de célébration.

Selon la tradition, des lanternes rouges illuminent les foyers pour éloigner les mauvais esprits. Les flammes vacillantes, dansant dans l’obscurité, effraient les forces malveillantes, protégeant ainsi les foyers pour l’année à venir.

Parmi les légendes entourant cette fête, l’une d’entre elles, particulièrement captivante, mérite d’être contée.

Autrefois, au début d’une nouvelle année lunaire, des créatures sanguinaires surgissaient des entrailles de la terre, semant chaos et destruction. Un jour, les habitants d’un village, croyant se défendre contre l’une de ces bêtes, abattirent par erreur un oiseau sacré appartenant à la ménagerie céleste de l’Empereur de Jade. Outré par cette offense, l’Empereur décréta que le village serait réduit en cendres lors de la nuit du quinzième jour.

La fille de l’Empereur, émue par l’injustice de cette sentence, alerta les villageois du péril imminent. Désespérés, ces derniers perdirent tout espoir, jusqu’à ce qu’un ancien sage propose une idée ingénieuse : illuminer le village de lanternes rouges.

Le soir venu, les guerriers célestes survolèrent la région, prêts à réduire en cendres chaque demeure. Mais en apercevant les milliers de flammes rougeoyantes, ils crurent que l’incendie avait déjà accompli sa mission destructrice. Trompés par cette illusion, ils retournèrent auprès de l’Empereur, déclarant que le village n’était plus que cendres et fumée.

Quelques jours plus tard, découvrant la supercherie des villageois, l’Empereur de Jade prit conscience de l’injustice de son jugement et leur accorda son pardon.

Cette légende nous offre deux précieuses leçons :

  1. La ruse et l’ingéniosité humaines peuvent triompher des destinées les plus sombres, une perspective bien différente des tragédies grecques où l’homme était inexorablement soumis à son destin.
  2. L’expérience et la sagesse des anciens peuvent, par des conseils avisés, sauver une communauté tout entière.

Lors des festivités du Nouvel An, nous avons eu l’honneur de recevoir d’éminents visiteurs et amis. À cette occasion, nous avons dégusté deux alcools blancs de sorgho chinois : l’un offert par un riche ami du Nord-Est de la Chine, l’autre par un diplomate de Taipei. Ces breuvages, selon la tradition, promettent longévité.

Messieurs Paul Miguel, André Yuste et moi-même avons trinqué en espérant bénéficier de ces bienfaits ; prêts à prodiguer des conseils avisés aux jeunes générations pour de nombreuses années encore.

Par ailleurs, Monsieur Delaunay, maire de Lognes, Madame Ngangmeni de Paris Vallée de la Marne, Monsieur Galet d’Epamane, Madame LAMBERT, Cheffe de projet – Marne et Brie Industries, Monsieur Lopez, Directeur de LCL ainsi que Mesdames Boone et Ferjule, chacun accompagné d’une délégation, ont eu l’opportunité d’admirer une exposition photographique consacrée à Tiksit, une localité sibérienne du Grand Nord capturée par l’œil talentueux d’Evguénia Arbugueva. Il est prévu que ce hameau devienne, dans quelques années, un important centre portuaire mondial.

Evguénia Arbugueva, 2011
Evguénia Arbugueva, 2011
2011