Fête des pères

Le 8 août : entre prospérité, piété filiale et fête des pères

En chinois, le chiffre 8 se prononce (), une sonorité très proche de (), qui signifie « prospérer » ou « s’enrichir ». Ce rapprochement phonétique fait du chiffre huit un symbole particulièrement auspicieux dans la culture chinoise : ainsi, répéter bā, bā, bā évoque fā, fā, fā, comme une incantation attirant fortune et richesse.

Aujourd’hui, nous sommes le 8 août, soit le huitième jour du huitième moisbā bā (八八). Or, cette répétition évoque aussi, de manière homophonique, le mot papa, aussi bien en français qu’en chinois. C’est pourquoi, en Chine, le 8 août est célébré comme la fête des pères (Bābā Jié, 爸爸節).

À cette occasion, je souhaite partager quelques textes anciens sur la piété filiale (孝經, Xiàojīng), fondement éthique majeur dans la tradition confucéenne :

1. Zengzi (505–435 av. J.-C.), disciple de Confucius :

「夫孝,德之本也。」
« La piété filiale est la racine de la vertu. »

Zengzi définit la piété filiale comme le socle de toute moralité. Il insiste sur les devoirs du fils envers son père : respect, obéissance, loyauté et transmission du nom de la famille. Cette relation s’inscrit dans une hiérarchie empreinte de dignité et de réciprocité.

2. Mencius (孟子, Mèngzǐ, vers 372 av. J.-C.) – Un équilibre des devoirs :

« Traitez vos parents avec respect, et vos enfants feront de même avec vous. »

Mencius approfondit la pensée confucéenne en soulignant que le respect filial n’est pas inconditionnel : il suppose que le père soit moralement exemplaire. L’autorité paternelle se fonde sur la vertu ; la piété filiale, loin d’être une soumission aveugle, devient alors un lien éthique exigeant et réciproque.

3. Épître aux Colossiens 3, 20-21 :

« 20 Enfants, obéissez en tout à vos parents, car cela est agréable au Seigneur.
21 Pères, n’exaspérez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent. »

Dans cette lettre, saint Paul rappelle l’ordre moral voulu par Dieu : l’obéissance des enfants, mais aussi la modération et la bienveillance des pères. L’autorité parentale ne doit jamais devenir une oppression.

Dans un monde marqué par la violence et la perte des repères, il est salutaire de se tourner vers la sagesse de nos anciens. La relation entre le père et le fils, fondamentalement asymétrique — l’enfant faible deviendra un homme fort, le père fort deviendra un vieillard fragile — repose sur un subtil équilibre entre bienveillance, respect, devoir et exemplarité.

Cette relation fondatrice, source de toutes les autres, peut encore aujourd’hui nous inspirer. Elle offre à nos sociétés modernes une voie possible vers des relations humaines plus justes, plus enracinées, et peut-être plus harmonieuses.